Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/169

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La crique est de plus en plus encombrée, l’avance de plus en plus lente. Le cafard s’annonce avec la fatigue. Ne verrai-je donc jamais la fin de l’Ouaqui ? C’est la nuit. Nous sommes surpris par son arrivée brutale devant un amas monstrueux d’arbres tombés qu’il ne nous est pas possible de franchir maintenant. On arrête. Vite on débrousse un coin de la berge. Le feu est à peine allumé, l’orage qui grondait depuis ce matin éclate. Il pleut à torrent, la forêt mugissante ruisselle. Je n’ai que le temps de débarquer mon sac ; car régulièrement, chaque nuit, le canot coule et régulièrement, chaque matin, je le vide. Le hamac est tendu sous l’averse, la bâche dessus, et l’eau s’écoule avec le bruit d’une gouttière. En calimbé, je tiens compagnie aux Boschs qui, stoïquement, ruissellent autour du feu, n’ayant pas d’abri, étant trop tard pour en construire un. Nos peaux luisent, brûlées d’un côté, glacées de l’autre. Près d’eux, fumant ma pipe, les écoutant chanter, je rêve et je suis heureux. Il a plu toute la nuit. Finalement, je suis allé dormir, eux aussi, dans leur hamac trempé. — Bercé par le croassement des crapauds-buffles, l’orage lointain des singes rouges.

Les moustiques, par extraordinaire, n’ont pas fait leur apparition depuis longtemps mais leur absence est largement compensée par les mouches et les fourmis qui foisonnent et piquent avec la même voracité.

Vendredi 2 décembre.

Triste réveil. — Tout est humide et une dysenterie carabinée due à l’absorption continue de poisson boucané fait son apparition. La fièvre est persistante mais légère sous forme d’accès larvés que je combats avec deux