Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/170

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novaquines par jour. Le moral est bon. Une sorte de fatalisme tout oriental m’envahit. Par contre, mes pieds vont mal, mais cela n’a aucune importance. J’irai jusqu’au bout car l’expérience est extraordinaire. Le plus terrible c’est que j’ai l’impression de piétiner. Avançant à cette allure, j’en aurai pour dix ans avant d’arriver à l’Amazone.

La journée pluvieuse est triste. Quelques éclaircies sur la rivière, mais surtout, toujours et encore, des marécages. Je tue un iguane d’une seule balle, ayant visé la tête et, par extraordinaire, ayant touché l’œil. Le cafard arrive tout doucement. Un coup de hache malheureux m’a meurtri la main gauche qui a du mal à étreindre la pagaie lorsque le courant dérive la pirogue.

On ne voit plus guère de coupes. J’ai l’impression d’avoir dépassé le dernier camp de la mission Hurault. Je pense alors que nous allons arriver bientôt au Saut Verdun, mais la carte est incomplète et terriblement fausse. Toutes les distances sont à reviser et on marche à l’aveuglette.

Déjà le 2 Décembre ! Je ne puis m’empêcher de songer à la Noël toute proche. Ça y est… voici le cafard qui s’amène en écrivant. J’ai une envie furieuse de quitter le canot et de foncer à pieds ; j’en ai marre de la rivière ! Il est vrai qu’avant c’étaient les rapides, maintenant ce sont les arbres tombés. Je ne sais pas ce que je veux ou plutôt, si… arriver vite. Mais hélas, si les journées sont brèves et harassantes, je n’avance que très lentement. Ce n’est pas juste ! voici dix jours que j’ai quitté la Touroa et que je navigue sur la petite Ouaqui à une moyenne de trois kilomètres par jour — de l’aube à la nuit — dix-huit jours, que j’ai quitté Maripasoula. Moi