Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/172

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et recharge les bagages. Je pense à Maman qui me disait au départ :

— Ne reste pas trop dans l’eau, tu risques d’attraper une congestion ou des rhumatismes !

Sur le tableau noir, les écoliers inscrivent : « 2 Décembre », songeant aux vacances proches et au lendemain Dimanche. Ils iront au cinéma, s’ils ont été sages, applaudir les prouesses de l’homme-singe et rêver d’aventures. Les compositions trimestrielles sont en train. On prépare les numéros spéciaux des hebdomadaires, on prépare les vitrines, on songe aux cadeaux de fin d’année.

Ici, les dates, les fêtes n’ont aucun sens car la forêt est immuable.

La journée s’annonce pénible. On ne voit plus les coupes Hurault. Pluie, énervement, malchance, je tire un macaque et le perds, tire deux hoccos et les manque. La rivière s’élargit et présente de belles étendues découvertes… mais à sec.

Elle serpente entre des collines assez élevées, aux roches rouges bizarres fichées sur les pentes, et des schistes feuilletés et arrondis par l’érosion. Des trous énormes fichés un peu partout nous obligent à faire des arrêts fort longs. — Pluie incessante, froid, un peu de fièvre. On carbette auprès d’un arbre énorme qui barre complètement la rivière. Les Boschs éprouvent, malgré leur habileté, de la difficulté à allumer le feu, même avec du pétrole. Reconnu à nouveau piste supposée Cotten. Le hamac trempé égoutte de la glace par toutes les coutures. Mal aux pieds, aux mains. Mange fruits Couba-Couba.

Pense, si tout va bien, arriver Saut Verdun demain. Bon moral, mais hâte furieuse d’arriver et d’en finir avec l’Ouaqui. En écopant sous la pluie, je pensais que la ran-