Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/173

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donnée d’exploration ainsi comprise est un beau mais rude métier. C’est l’apprentissage rêvé du futur chef de mission.

Les Boschs n’ont presque plus de couac ; moi, je n’ai plus rien ; — leur ayant tout donné. — Depuis dix jours, je mange poisson bouilli ou boucané et lézards. On voit de nombreuses traces de cochons mais impossible d’en découvrir une seule meute.

Dimanche 4 Décembre.

Il a plu sans arrêt toute la nuit. Les mains sont constamment humides, le tabac moisit. Impossible de rouler une cigarette : le papier se déchire ; et pour fumer une pipe, il faut une boîte d’allumettes. Les Boschs astiquent les fusils rouillés en les passant dans le sable puis à la graisse d’aymara.

Je soigne mes pieds, dans un piteux état. La journée s’annonce mal, il pleut sans arrêt, tout est trempé. On a l’impression de naviguer dans un bain de vapeur. La bâche américaine elle-même ne résiste pas. Sous la pluie on sabre, on taille des bûches dans le mur dense de la végétation aquatique et on avance mètre par mètre. J’ai du mal à diriger la pirogue qui, en trois minutes, s’emplit d’eau car, à la suite du frottement sur les troncs couchés, les fissures agrandies, énormes, laissent passer des trombes d’eau qui menacent de me couler. J’écope sans arrêt. Le calfatage est inutile, il ne tient pas. Au cours d’une halte à un fourca, je retrouve la piste supposée Cotten. On monte le camp sur l’emplacement d’un vieux village du temps du balata envahi par la forêt.