Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/174

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Il pleut, on se couche avec la faim, sans couac ; la chère est maigre et on mastique, en guise de repas du soir, un bout de carne boucané.

Lundi 5 Décembre.

Mes pieds coupés et enflés suppurent. Les jambes sont couvertes d’ulcères ouverts à chaque frottement sur les branches. C’est douloureux.

La rivière semble s’élargir et son encombrement est moindre. Nous sommes attaqués par les mouches avides de venger leur nid suspendu à une branche et saccagé d’un coup de sabre malheureux.

Pour se laver les dents, les Boschs prennent du sable fin ou de la cendre et aussi des boulettes de limon desséché accrochées aux lianes mises à jour par la baisse des eaux. Nous rencontrons un gros rocher et ils s’arrêtent car c’est là leur Dieu.

Avec la terre servant aux rites de la guitare, ils tracent des signes cabalistiques puis prononcent des invocations, buvant puis crachant l’eau de pluie déposée dans les fissures de la roche.

Le temps est incertain. On entend un avion voler au loin mais on ne le distingue pas. Tué un iguane, fatigue, ennui, énervement avec les pellicules qui se bloquent sans cesse dans l’appareil. Rivière considérablement éclaircie. Quelques gros obstacles rapidement franchis, puis succession de petits rapides dont un, assez important, précédé et suivi d’une sorte de canal dans les marécages aux herbes rases. Rencontrons un lieu de camp où peu de personnes ont dû carbetter et enfin, à la nuit, nous arrivons à un gros saut qui, sans nul doute, est Saut Verdun.