Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/175

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C’est d’abord une grosse plateforme rocheuse à sec où nous tirons les canots après les avoir déchargés.

Je trouve une fourche fichée entre deux roches avec un message adressé au Préfet et roulé dans une feuille d’arbre desséchée (daté du 16 Août).

Après, cette plate-forme, un saut, puis un autre et tout proche, une table de pierre très large, sortant en cap de la forêt… et à un îlot qui divise la crique et le saut, lequel se continue en chutes plus ou moins importantes. C’est là que nous installons le camp.

Joie d’être enfin arrivé. Je pense au grand départ tout proche maintenant et suis dans l’impossibilité absolue de fermer l’œil de la nuit.

Mardi 6 Décembre

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Journée de repos et de préparation à la liaison Ouaqui-Tamouri. Je répare le sac dont les bretelles pourries tiennent par miracle, les souliers sont moisis et rétrécis. Je mets les notes à jour. Les Boschs partent à la pêche dans l’après-midi et ne rentrent que fort tard, les canots chargés d’aymaras énormes.

Cette nuit, la femme Bosch a été visitée par la guitare. Elle a braillé des incantations sans arrêt, Je corps passé à la terre blanche — fantaisie que je voyais au travers de la moustiquaire — tournoyant, se découpant sur les braises des boucans cependant que les hommes accroupis écoutaient la voix, de l’au-delà et approuvaient avec des grognements et des formules rituelles. La nuit donnant à plein sur les roches et le fond sonore de la forêt endormie se mêlant au bruit des chutes, fit de cette nuit une nuit de cauchemar et de demi-sommeil.