Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/180

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et tâcher de trouver la piste Cottin. « Anohé » est abandonné sans regret au Saut Verdun.

Dès le départ, sérieuses difficultés pour passer le saut complètement à sec. On décharge et on tire les canots sur la roche nue que l’on passe sur des rondins. L’avance, quoique allant avec le courant, est très lente car les coupes de l’aller ne servent plus, les eaux ayant continué à baisser. Je suis malade comme un chien, à chaque instant je vais à la selle. — Crachats rédal, légers filets sanguinolents, fatigue extrême, impossible d’aider les Boschs. Je me laisser traîner comme un automate. — Aggravation dans l’après-midi, sortes de coliques sèches, envies impossibles à satisfaire, brûlures du rectum, douleurs lombaires, abdomen gonflé, frissons, moral passable. Hâte surtout d’être allongé dans le hamac et de reposer.

Les Boschs me proposent de descendre avec eux au Maroni.

— Ou malade… mauvais… ou ka mourir.

Je pense un instant, tellement je suis faible, abandonner et les suivre. Non, je tiendrai ! Dieu ne m’abandonnera pas !

Les Boschs me donnent leur remède : une macération d’écorce rouge carapa. C’est amer et n’a guère plus d’effet que le stovarsol.

Avançant à la même vitesse qu’à l’aller, nous carbettons le soir au dernier camp atteint avant le saut Verdun. Je repose enfin. Les douleurs se sont calmées. Je ressens une étrange sérénité en même temps qu’un grand besoin de reposer. Mes jambes sont en flanelle et j’ai du mal à me porter.·Je trébuche à chaque pas.

J’ai tué un iguane ; je vais essayer d’en manger car j’arrête le poisson salé ou boucané… et cependant, rien d’autre à manger !