Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/190

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Le criquot écoule doucement ses eaux vertes entre les racines des arbres tombés. Devant, derrière, partout, la forêt, mais l’on n’y voit pas le ciel.

J’ai bien mangé, je suis content. Je ne sais si demain il en sera de même. Je m’en remets à la Providence.

Ma solitude me pèse surtout le soir, parce que je pense aux joies du feu de camp routier, à nos chansons, à nos veillées. Boby est un bon compagnon, affectueux, mais ses yeux, quoiqu’expressifs, ne me disent pas grand chose.

Quatrième soir du raid. J’ai à peine couvert cinq kilomètres, mais enfin, ils sont faits. La dysenterie a l’air de se calmer, ne revenant que par à-coups intermittents. Pas de fièvre. Fatigué, mais chaque jour je m’aguerris davantage, j’avance peu, mais j’avance.

Vendredi 16 Décembre.

L’insomnie me fait dormir tard et lever fort tôt. Impossible de reposer. Je ranime le boucan. Le hocco (ce qu’il en reste) a pris une belle teinte brune roussâtre et paraît vouloir se conserver longtemps. J’ai déjeuné de fort bon appétit, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. La dysenterie est calmée mais les échauffures aux pieds suppurent et je marche en claudiquant. La matinée est employée à ranger les sacs, affûter le sabre, la hache, graisser le fusil et mettre les notes à jour.

Cet après-midi, je partirai avec le sac G.I., j’irai le plus loin possible en avant puis je reviendrai dormir ici.

La diversité des chants d’oiseaux est fantastique : tantôt c’est l’appel d’une femme, une génisse, un cheval allant au pas, puis au galop, le clairon d’une troupe en marche, l’aboiement d’une meute à la chasse à courre,