Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/191

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le sifflet de l’amoureux pour appeler sa belle, des cris d’étonnement, des cris moqueurs, des hurlements de terreur et puis de véritables trilles, des vocalises harmonieuses qui mettent quelque chose de frais et de vivant dans ce concert incessant où se mêlent la voix rauque du « couata », l’appel triste d’un oiseau de nuit, celui du macaque éploré et enfin les grands singes rouges ténorisant à perdre haleine. Ceci est mon concert de chaque soir avec les « ploufs ! » mystérieux dans la crique et le frissonnement des palmes et de larges feuilles sèches de « Palou ». — Parfois l’appel du Hocco, le croassement barbare du crapaud-buffle… Puis, dès que le soleil paraît, perruches, perroquets, aras gros bec, zozo mon père, mêlent leur voix et dominent de leurs notes variées, chantant la joie du petit jour comme j’ai envie de chanter la mienne car les nuits sont tristes ; longues et froides, avec le vol aveugle des chauves-souris qui rasent la moustiquaire, le crissement de milliers d’insectes, le froissement des eaux, lesquelles cascadent sur un tronc couché.

Le soleil tarde à venir me réchauffer. Paresseux, je me laisse bercer dans le hamac, goûtant quelques instants encore la tiédeur de la couverture, abandonnant à regret mes rêves. Quelques minutes encore, quelques minutes seulement puis, en route ! Je replie le hamac, boucle le sac à dos…

et vlan ! voici les bretelles qui lâchent et le barda à terre. Alors que vous étiez bien en train, ça vous flanque un sacré coup et voilà le cafard qui s’amène, ça vous prend comme ça, d’un seul coup. Rangeant ses affaires, par exemple, on découvre un instantané de France, il y a quelques mois ; on se souvient… que font-ils maintenant ? 9 heures ici, 13 heures au soleil de France… d’habitude, penser à eux me