Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/192

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donne du courage, aujourd’hui, ça me fait penser à des tas de choses et soudain une folle envie de les étreindre. de les embrasser, d’avoir de leurs nouvelles au moins, me saisit. Sont-ils en bonne santé ? Ne se font-ils pas trop de soucis ? Que se passe-t-il là-bas ? Peut-être la guerre, un cataclysme… Oh ! savoir… Et je suis là, loin de tout, de tous et comme cela, encore des mois et des mois.

Le soleil qui dorait les cimes a disparu. C’est la grisaille des jours de pluie, la chaleur écrasante comme l’orage imminent et, le sentant venir, une bande de macaques envahit la rive du criquot et file à toute allure vers le bois. Oh ! petits êtres agiles combien j’envie votre vélocité ; que ne puis-je faire comme vous ! Quelques-uns s’attardent. Je tire sans résultat car à balle il est difficile de les atteindre ainsi en voltige et ils ne s’arrêtent jamais ; toujours d’une branche à l’autre, d’un arbre à l’autre, lorsqu’ils vous aperçoivent, ils fuient, reviennent, cherchant un perchoir caché, disparaissent, regardent d’un côté, de l’autre, nerveux, curieux, irrités, disparaissant, reparaissant jusqu’à ce que, impatient, vous tiriez et qu’alors ils bondissent et disparaissent pour de bon avec de grands cris.

Hélas ! pour faire ce voyage et le goûter pleinement, il ne faudrait avoir personne à Chérir. Aventure et sentiment sont deux mots qui ne riment guère. Sa propre souffrance n’est rien, on la vainc, mais penser à celle des êtres que l’on aime vous laisse sans force, souffrant doublement de leur peine. Je me fustige moralement, essayant de retrouver le ressort ; Au plus vite j’avancerai, au plus vite je les retrouverai !

Non… aujourd’hui, ça va mal ; je cherche vainement l’excuse de mes pieds en mauvais état, de ma fatigue ou