Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/199

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Halte, pipe, notes… départ à nouveau. Les cordes me blessent malgré la bâche et, à part les « zozos mon père » et quelques colibris, je ne vois rien à tirer. — Toujours rien à manger. Ma foi tant pis ! l’homme choisit sa destinée, guidé, aidé par Dieu ; il ne tient qu’à lui de persévérer, de subir les conséquences de ses entreprises, mais de les réaliser. Boby a levé un « pécari » ; le temps de décharger le sac et foncer à sa pour suite… il est trop tard !

Ma fatigue provient surtout des jambes, le sac déséquilibré reposant trop sur les reins. Quel sac ! rafistolé, couturé, pansé comme un vétéran de la grande guerre, l’étoffe tient le coup, mais cuir et ficelle pourrissent rapidement.

Plus d’une fois jem’affale, ayant glissé sur une branche moussue, m’empêtrant dans une liane raide et tendue à hauteur des chevilles. Je n’ai pas toujours la volonté de me relever aussitôt. Je fume, j’écris, je contemple le merveilleux colori d’un « morphas », le vol gracieux d’un « colibri » ; je suis, entre deux cimes, l’éclair rouge d’un couple d’aras. Je repose. Du moins, je pense reposer car je suis encore davantage mal assuré sur mes jambes lorsque je me relève après la pause.

Je voudrais foncer… impossible ! à chaque pas une embuche, un obstacle ; je marche comme un homme ivre, tout de guinguois, suant et pestant, poursuivi harcelé, par les mouches ; le sac s’accroche, le fusil aussi. La piste plein S.E. aborde une série de collines peu élevées mais les pentes sont un tantinet abruptes. Je suis parti à 7 heures au lever du soleil. Il est près de 10 heures, je dois avoir couvert 600 m. Si je fais un kilomètre dans la journée je serai content ; un autre