Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/201

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Je m’assois sur un tronc couché… pourri, il cède et me voici au milieu d’une colonie de fourmis rouges. Oh ! souffrance ; du coup, je trouve des ailes et fonce comme un bolide. Mes deux chevilles balafrées saignent abondamment et les mouches s’y précipitent, s’y agglutinent par paquets. Nouvelle balafre à la main, décidément les herbes coupantes de ces régions sont de véritables rasoirs. J’ai avancé de plus de un kilomètre dans ces bourbiers. Maintenant, c’est une série interminable de mornes. Une soif dévorante me fait hâter le pas sans résultat. Pas de criques à l’horizon, lequel est restreint à une dizaine de mètres. Pas de marigot, même pas une flaque. C’est désespérant. J’espère la pluie qui, comme d’habitude, ne doit guère tarder et je l’attends avec une rare impatience. Il fait Sombre ici ; c’est d’une tristesse désolante. Il y a une floraison bruissante de bananiers sauvages, une sorte de cactus aux lames souples et longues hérissées de piquants, des palmiers « Avoara », « caumou », « pinot » ; quelques troncs lisses jaillissent ça et là, ruisselants de lianes tendues dans tous les sens, lovées comme de gros cordages. J’ai fait la pause auprès d’un tronc couché à mi-pente d’une colline. Des fourmis flamandes y courent, noires, longues de trois centimètres, les mandibules menaçantes, prêtes à défendre leur repaire.

Je suis trempé de sueur et un peu cafardeux. Je n’aime pas les marécages, on a l’impression d’être prisonnier d’une serre vivante prête à vous absorber. Il semble que jamais l’on ne pourra s’en dépêtrer et le temps semble durer, durer. L’après-midi s’avance, je suis rompu. Je rêve de l’instant où la piste me découvrira le Tamouri.

Mouches et moustiques arrivent en grand nombre.