Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/204

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mier « caumou », je n’en ai pas eu la force et j’ai perdu connaissance. Il est possible sans doute de tenir sans manger, mais impossible en même temps de fournir un effort.

Mardi 20 Décembre.

Si ce soit je n’ai rien mangé, quoi qu’il m’en coûte, je sacrifierai Boby qui souffre et devient sauvage. C’est ça ou la mort pour moi. Je tire un oiseau et, providentiellement, le tue. Je dois le disputer à Boby qui commence à le dévorer, courant le chercher en même temps que moi, mais le trouvant plus vite. Je ne prends que la peine de le plumer sommairement et de le vider, je le mange cru, avec les os, ne laissant que le bec et les pattes. C’est peu mais, quoiqu’écœurante, cette chair fraîche, je le sens, me ranime. J’ai envie de boire du sang. C’est un besoin constant qui me hante car sentant que je perds mes forces, je voudrais voler celles des autres.

Toujours rien, la forêt est vide… même pas un petit oiseau. Ma faiblesse est extrême. Les arbres morts s’écroulent un peu partout autour du camp. Le tonnerre gronde. Les mouches que la pluie attire en nombre s’acharnent autour du hamac comme si déjà je sentais le cadavre. Je n’ai pas le courage de tuer Boby.

Mercredi 21 Décembre.

Il faut manger tout de même. J’ai marché longtemps dans la forêt comme un somnambule, sondant chaque mètre de terrain, chaque arbre, chaque branche. Le fusil est terriblement lourd. Ce matin, toutes les lianes,