Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/205

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toutes les branches agripent et me jettent à terre. Pas un oiseau, rien, rien…

c’est désespérant. Je prends tristement le chemin du retour. Oh ! joie, une tortue sur la piste… je me précipite, la saisis, l’étreins avec passion. Je me hâte, je cours vers le camp. Deux cents mètres plus loin, une tortue encore plus grosse, je crois rêver. J’arrive au camp épuisé mais, sentant que je vais manger, je me mets aussitôt à l’ouvrage. En forêt plus qu’ailleurs, il est dit, tu n’auras rien sans peine…

Posément je coupe du bois, le débite, installe les bûches, allume le « mani », le dépose dans le foyer. Ça prend doucement car le bois est humide. Je souffle, j’attise ; enfin, ça flambe. Alors, attendant les braises, je me repose enfin… je fume, je suis heureux.

Je prends la petite tortue et, à la hache, l’ouvre. Ce n’est pas très appétissant et il y a surtout des tripes. Je rogne le moindre morceau de chair attaché à la carapace et mets Je tout à bouillir dans ma petite casserole. Les intestins flottent sur le criquot, couverts de mouches et tiraillés en tous sens par de minuscules poissons. Je repose, j’écris. Ça cuit doucement… Je ne peux plus attendre, je dévore les pattes coriaces, le cœur, le foie, déchire les os à belles dents, bois le bouillon. Oh ! que ça fait du bien. C’est bon ! Alors je m’étends dans le hamac, savourant cet instant précieux où j’ai le ventre plein. Boby, toujours affamé, après avoir dévoré les os, rogne les carapaces, les disputant aux fourmis. Je m’endors.

L’après-midi, tard, ne pouvant plus tenir, je tue et mange la seconde tortue, conservant les pattes de derrière rôties pour demain. Toujours aussi fatigué. Vive douleur au genou, ayant butté sur une racine. Un toucan passe très haut, trop haut pour que je puisse