Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/232

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Je m’arrête épuisé dans une clairière ouverte par un orage et encombrée de troncs abattus dans un fouillis gigantesque. Seul, tout droit, décapité, blanc comme neige et centenaire, un arbre mort se dresse et son sommet s’auréole d’or en même temps que je perçois un bourdonnement actif.

Une ruche… donc, du miel ! au travail ! J’ai ma hachette, mon sabre, des allumettes, quelques bouts d’encens. Je me fraie un passage jusqu’au géant foudroyé, l’attaque, le vieux bois m’éclabousse, cède, se fend, craque et le tronc s’abat… Je fuis, j’épie… l’essaim. tranquillement, a suivi la chute et auréole toujours le nœud creux dont l’antre noire révèle la ruche.

Malheureusement, le tronc est tombé de telle manière que la ruche, bien que située à un mètre au moins du sol, est à demie enfouie dans un lacis très dense de lianes, de feuillages et de branches mortes.

Pour approcher sans être vu, je taille un tunnel dans lequel je me glisse en rampant. J’arrive ainsi juste au-dessous de la ruche. Alors je prépare un bon petit feu de bois et lorsqu’il est bien pris, je le couvre de feeilles vertes et humides. Une fumée épaisse monte, se glisse sous le tronc, varie suivant les courants d’air puis enfin envahit la ruche.

Gros émoi, bourdonnement redoublé, une partie de l’essaim demeure fidèle au poste, les abeilles agglutinées les unes aux autres, formant une véritable barrière d’or scintillant et l’autre partie part en patrouille dans les broussailles, pique, virevolte, volant au-dessus de moi et ne me rassurant guère.

Enfin, au bout d’une demi-heure, j’estime que l’ardeur belliqueuse de ces dames est diminuée et, mettant des braises dans un grand fruit sec formant coupe,