Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/233

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hâtivement je me redresse ; taille à droite, à gauche, émerge du fouillis le nez sur l’essaim agglutiné et subitement cerné par la patrouille, je tiens la coupe devant la ruche, m’en servant comme d’un bouclier ; mais je les sens prêtes à braver Je feu et pas du tout endormies. Je n’ose bouger. L’une d’entre elles passe sur mon front… frisson… non… l’autre sur la main, aïe ! elle a piqué… je tiens bon et, décidé à risquer le tout pour le tout, enfourne le machette dans le nœud à miel et commence à décoller la ruche. Soudain, la coupe que je tenais dans la main gauche s’enflamme et me brûle atrocement. Je lâche tout et c’est le désastre, sans défense au milieu de l’ennemi qui, délivré, se rue, m’assaille. Je hurle, piqué à vif de partout, essaie de courir, m’empêtre dans les lianes, tombe, me gifle, rage, peste… enfin, elles m’abandonnent.

Essouflé, geignard, adossé à un tronc d’arbre, brûlé partout, je sens la migraine envahissante et pas de miel !… Après ça ? Ah ! non alors !

Je reprends le chemin de la ruche, allume un brasier capable d’incendier toute une forêt, m’asphyxie à moitié, me brûle, mais réussis à décoller la ruche et l’emporte précieusement au camp.

Ça m’a donné un quart d’eau tiède et sucrée, un sirop de miel que j’ai payé au prix fort.

Je suis boursouflé et semble être sur un gril.

Enfin, un peu réconforté, je me mets au radeau et l’eau glacée de la chute cicatrise, calme brûlures et piqûres. Hélas ! même consolidé, le plateau ne me porte que difficilement et assis dessus, j’ai de l’eau jusqu’au ventre. Il est terriblement lourd et, même à vide, accroche le fond. Soixante-quinze kilomètres de criques encombrées à parcourir avec cet engin !… c’est à déses-