Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/236

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vous faites, la pause affalé au pied d’un grand arbre, ayant perdu tout espoir, vous voyez apparaître un hocco, une tortue, une perdrix — cela dépend de l’endroit — ou alors, une bande gloussante de « marailles ».

Ceci, hélas, n’est pas coutume et il ne suffit pas de faire la pause pour manger, mais il faut bien courir et le plus triste, c’est que bien souvent, d’une manière ou de l’autre, on ne voit rien. Je ne sens plus la faim, sinon la lassitude et puis, il est vrai, il y a l’excitation du départ de demain.

Samedi 7 Janvier.

J’ai chassé encore vainement ; il semble que les dieux de la chasse me soient décidément hostiles. Je charge les bagages sur le radeau et les amarre solidement. Ça flotte ainsi mais, avec moi, c’est le naufrage. Et bien ! je tirerai le radeau tout au long du chemin, tantôt marchant, tantôt nageant. Je dis un adieu sans regrets au camp Robinson, et en route…

Il n’y a pas cinq secondes que j’ai quitté le saut et me voici échoué. Je dois enlever les pierres d’un fond particulièrement haut, les unes après les autres ; enfin, ça passe. Les premiers obstacles sont allègrement franchis. Je hache de mon mieux et livre passage mètre par mètre au radeau que le courant, violent parce que prisonnier de falaises glaiseuses, emballe. Un petit tronc mal placé situé entre le fond et un arbre immense tombe et retenu par la berge à fleur d’eau m’empêche d’avancer. Avec la scie ce serait commode ; à la hache c’est impossible. J’essaie vainement de le briser, de le déplacer, il est mince, mais résistant en diable. Je décide alors de le couper au sabre et au couteau, ne pou-