Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/237

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vant faire de force pour le frapper, étant donné sa position ; je le tranche littéralement, le grignote, le scie bribe par bribe, le taille comme un crayon mais… quel crayon !

De l’eau jusqu’au cou, à plat ventre, sur le fond ou presque, j’en viens à bout en trois heures ; le passage est libre.

Je décharge le radeau, le coule, le fais passer ainsi de justesse sous le gros tronc, recharge et pars.

L’après-midi est bien avancé, j’ai parcouru environ cent mètres !… et soudain, ce que je redoutais arrive : c’est la catastrophe, le naufrage. Une branche immergée, que je n’ai pas vue, retient le radeau par un côté, le courant violent le pousse sur la berge abrupte où il se plaque, se soulève et, les bagages noyés, luttant avec la force du courant, j’essaie, mais en vain, de le redresser. La rage au cœur, j’abandonne, plonge à la recherche de la hache qui a disparu, la retrouve heureusement, défais les amarres et, sac au dos pesant doublement parce que trempé, je retourne au camp Robinson où un profond découragement s’empare de moi. Quelle fatalité… oh ! Tamouri !…

Je fais rapidement du feu ; fort heureusement, les allumettes dans un sac étanche avec l’appareil photo et les pellicules sont intactes ; le reste ruisselle et, tendant des bambous sur le foyer, j’étale mon barda pour le faire sécher. Oh ! puis, après tout, rien n’est encore perdu. Je réfléchis à la situation.

D’abord manger, donc : chasser ; je huile la carabine, prends quelques balles que j’avais graissées pour les protéger de l’humidité et prends le chemin de la forêt.