Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/243

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Souvent je me désespère d’être désespéré, mais il n’est pas facile de garder toujours le sourire. Cependant j’essaie ide vaincre cette tendance au découragement et j’y réussis fort bien, tout simplement en écrivant et en analysant les raisons de cet état.

Allons… pas de fêtes ni de matinées grasses pour le solitaire ; c’est la lutte constante pour manger et vivre.

Voici le petit jour bien avancé et le vacarme des singes rouges faisant place au concert des petits oiseaux. Il est l’heure de partir, de quitter le camp Robinson mais, si comme le héros sur son île je suis bloqué sur le Tamouri, lui au moins avait à sa disposition des outils, du blé, même une chèvre… et du lait et du fromage. Ah ! le veinard… Et puis, il y a eu Vendredi, les sauvages, bref, du mouvement.

Carabine en bandoulière, sabre en main, une corde autour de la taille retenant la hache, un garrot, un couteau de poche, des allumettes, de l’encens, du tabac, ma pipe… Je suis paré et, le vieux feutre planté sur la tête, je fonce allègrement et traverse la crique pour joindre le marécage.

Mardi 9 Janvier.

Ah ! parlez-moi des pécaris… Rien dans les marécages hier. En traversant la crique, je prends le chemin de la grande forêt dans l’après-midi et, alors que j’allais retourner au camp, bredouille, je perçois fort loin l’aboiement d’un troupeau. Je fonce aussitôt. La meute, semblant deviner la poursuite, s’éloigne davantage et moi, ne voulant pas la perdre, m’entêtant, je la suis… J’ai suivi longtemps, de plus en plus loin et je me suis