Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/244

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aperçu que la nuit venait. Alors j’ai abandonné, prenant le chemin du retour. Mais avec la pénombre du soir ne distinguant plus mes traces, je me suis perdu.

Affolé un instant, j’ai décidé de dormir à la belle étoile et d’attendre le jour. Quelle nuit !… pipe sur pipe, impossible de fermer l’œil à cause des mouches et des moustiques s’agglutinant sur mes plaies aux jambes, les fourmis se glissant avec dextérité et voracité partout.

Oh ! combien j’ai béni le petit jour ! Hélas ! pour m’orienter, le soleil étant encore couché, j’ai dû attendre son apparition, plein d’impatience. Las ! le temps est couvert… Je réfléchis, je n’ai pas dépassé la piste de plus de deux ou trois kilomètres, donc rayonnant en étoile, partant de ce lieu et parcourant cette distance dans tous les azimuts, je dois la retrouver.

Premier rayon, rien ! second, rien… Le soleil enfin apparaît déjà assez haut. La piste étant S.E. vers la crique, je fonce, prenant la droite du soleil et c’est enfin le concert familier, à peine perceptible mais rassurant de la chute. Coupant à travers bois je me dirige vers elle l’estomac sur les talons, sachant bien que rien ne m’attend vers le feu pour me réchauffer après une nuit pareille.

Je cherche vainement… ni tortue, ni lézard, ni oiseau. Le temps orageux écrase la forêt silencieuse et humide ; et c’est alors que, tout près de la crique, levant la tête vers une cime où j’, ai perçu un, bruit, j’aperçois un gros fruit vert suspendu comme à un rameau… Intrigué, je m’approche, renifle… un oranger ! Le fruit est une superbe orange et j’en découvre six autres de tailles différentes, toutes aussi vertes mais toutes aussi tentan-