Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/245

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tes. Avec ravissement et sans souci des épines j’entreprends ma cueillette. Sept oranges, quelle merveille !

Je les dévore incontinent, la première avec l’écorce, épluchant les autres et conservant les pelures pour mettre à macérer et obtenir une infusion. L’estomac bien lesté, arrivé au camp, j’ai allumé un feu et me suis réchauffé cependant que dans ma casserole à tout faire mijotent les pelures d’oranges. Je bénis les Indiens qui, habitant autrefois ces lieux, y ont planté un oranger… mais peut-être n’est-il pas solitaire ? Tout-à-l’heure je retournerai sur les lieux de l’abatis maintenant noyé par la forêt…

Des oranges ! Je n’aurais jamais rêvé d’une telle aubaine.

J’écrivais ces notes lorsqu’une bande de petits macaques envahit un arbre voisin. Je quitte là mon carnet, saisis la carabine et, progressant par bonds et par reptations, réussis à m’approcher assez près. Mais ils m’ont déjà vu et, avec de petits cris et une agilité phénoménale les voilà lancés de branche en branche, s’arrêtant une seconde derrière un tronc, m’épiant, me faisant la grimace, repartant toujours plus loin, moi à leurs trousses, et sans résultat. Impossible de les saisir dans la mire : c’est tirer une assiette au vol ou une balle de ping pong lancée de main de maître… et encore ! le champ étant limité et découvert on aurait plus de chance ! Il me faudrait un fusil de chasse. Une seule cartouche en a battrait une demi-douzaine même en pleine voltige : J’avais pensé à cela, mais le poids et le nombre des cartouches à emporter pour un voyage de longue durée m’avait effrayé et puis, l’humidité agissant fortement sur les balles cependant mieux protégées, aurait tôt fait de les périmer.