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Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/25

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— Je suis bien content d’avoir sauvé ma peau, c’était un enfer !

Le chef de l’expédition est resté trois mois à l’hôpital. Forêt, forêt guyanaise ! me seras-tu ainsi hostile ? Pour te fléchir, que faut-il faire ? Dois-je sacrifier à Tupinamba ? Tablaqueras ? Dieux des forêts, des eaux, des arbres, du ciel et de la terre, laissez passer le voyageur solitaire !

Dans ma chambre, chaque soir, une chauve-souris vient me rendre visite, visiteuse du soir au sombre et satanique manteau d’apparat… Quel présage funeste viens-tu donc m’apporter ?

Le singe de la maison croque des papillons ; le forçat nous raconte sa vie :

— Ils nous tuaient pour un pari, jouant le soir à la belote celui qui se chargerait de l’exécution. Des corvées partaient à cinquante et revenaient à dix ou ne revenaient pas, etc…

30 Août.

Dernier courrier — Les ponts sont rompus. À nous deux, maîtresse brousse. Toi, moi… quel beau spectacle ! Mais surtout, lorsque tu frapperas, que ce soit vite, fort ; je n’aime pas souffrir longtemps.

31 Août 1949.

En attendant, je bûche ferme les vieux livres de la bibliothèque. Des pages sont arrachées, des appréciations personnelles de lecteurs emplissent les marges, raturent le texte. Rien n’y manque, même pas les injures !