Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/251

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Mercredi 11 Janvier.

La chasse n’a donné aucun résultat ; j’ai trouvé pourtant sur ma piste une bande de marailles et des macaques mais j’ai tiré en vain. J’ai cru d’ailleurs que la carabine allait éclater. Il y a eu un bruit d’explosion et un nuage de fumée… Une douille s’est ouverte en deux et la déflagration a noirci tout le chargeur.

Je me mets à l’arbre destiné à la construction de la pirogue. Je sens nettement que mes forces diminuent et je m’essouffle vite. Le travail n’avance guère. La hache ébrèche à peine le bois dur et, manquant de force, je manque aussi de précision pour ajuster mes coups. Attisée par le repas d’hier au soir, une faim ardente m’accable et me fait partir à nouveau en chasse. Oh ! rage, oh ! désespoir, oh ! forêt ennemie !… tout n’est que silence et désert, j’avance dans ce désert sans joie parce que sans soleil et vide de chants, de présence.

Dans un marécage j’aperçois des escargots se prélassant sur un fond de vase et d’humus. Me voici dans l’eau, le chapeau à la main, faisant la récolte. J’en ai bien six douzaines et ils sont de bonne taille. À nous, manger les escargots de Bourgogne. Je reviens au camp couper de vieilles souches flambant bien et fais mon feu. Jee passe les escargots à l’eau de la crique et, sans plus de façons, les mets à bouillir. Lorsque je pense que c’est cuit, j’essaie de les retirer de la coquille avec une épingle… impossible ! Alors, je me mets en devoir de briser la coquille et bientôt j’ai un plein quart de vers gras et dodus que je dévore avec appétit. Ça sent bien un peu la vase, mais qu’importe ! Quelle cuisine ! Maman si soigneuse serait horrifiée.