Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/254

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hors-d’œuvre, songeant au rôti perdu avec une amertume croissante.

Jeudi 12 Janvier.

Il était nuit boire lorsque je me suis levé. La lune déclinait derrière une frange échevelée de nuages noir,. Je distingue à peine la piste à un mètre devant moi. Qu’importe, je la connais par cœur de l’avoir faite tant de fois avec plus ou moins de succès. Je marche sans m’égarer mais non sans me farcir les pieds d’épines et trébucher à tous les obstacles mettant à vif les jambes déjà fort mal en point. J’avance en silence. Tout de même, pieds nus cela n’est pas facile. Je marche avec l’idée fixe de joindre certain vallon où je pense que se trouvent des tortues, car c’est l’endroit rêvé : humide, prospère, humus et vieilles souches. Or, ces dames sont matinales ; à moi de les surprendre.

J’épie le moindre, bruit… las ! une bande de marailles, telles les oies du Capitole, s’envolent avec un vacarme qui résonne étrangement dans la forêt endormie. Je ne puis même pas viser.

Je continue la marche. Voici le vallon. Le petit jour enfin se lève. J’explore tout le terrain sans résultat.

La forêt est fantômatique, pleine de brume dense d’où se détachent de grosses lianes.

C’est beau ! J’entends seulement le bruit aigre de milliers de cigales et le hululement de quelque oiseau de nuit. Je suis écrasé, anéanti par la grandeur de la forêt ainsi surprise à l’aube. Je continue la chasse, me dirigeant vers la crique, espérant y découvrir quelque gibier venant s’abreuver. Rien ! Les premiers vols de perroquets passent… le jour est levé.