Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/256

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tre les mouches… Je songe qu’un jour, j’aurai du plaisir à relire ce carnet, me souvenant ainsi, heure par heure, des aléas de mon raid, souriant à mes découragements, heureux de les avoir vaincus.

J’écrivais lorsqu’un couple de toucans se pose sur la plus haute branche d’un grand arbre dégagé du reste de la forêt par l’écroulement de quelques arbres morts. La distance est grande, le soleil m’aveugle. À tout hasard je tire… à l’instant où, déployant leurs ailes, ils prenaient leur essor. L’un disparaît, l’autre tombe en vol plané et s’écrase loin dans la forêt. Je bondis, sabre en main, cours, cherche… enfin, le voici… Il est beau ! mais il fuit de toute la vélocité de ses deux pattes, son long cou blanc pointant le gros bec rouge et jaune comme un éperon.

À quatre pattes je le suis, décidé à ne pas le lâcher, escalade des amas de détritus, des troncs ; enfin, un sous-bois clair ! Je force l’allure, le rejoins, il s’échappe et, lançant mon sabre à la volée, je le cueille, le plaque ; il va repartir ! je suis déjà sur lui et, poussant des cris effrayants, tentant de me mordre, il se débat. Alors, je lui tords le cou. Il est de la grosseur d’un poulet et je songe au bon repas en perspective.

Je l’avais touché à l’aile… un miracle, à cette distance, que je n’oserais certifier être capable de renouveler.

Retour au camp. — Je détache le bec, le conservant comme trophée et… à la soupe ! C’est exquis, un peu coriace. Une fois plumé, le volume a sérieusement diminué. Peu importe, c’est fameux ! J’ai gardé quelques morceaux de chair et tente de pêcher… avec un tout petit hameçon et beaucoup de patience j’attrape dans l’après-midi une dizaine de « yayas » et de poissons