Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/28

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À la chasse, tu as peur du bois, tu es maladroit dans les hautes herbes, tu lèches la main de n’importe quel étranger.

Il est vrai que tu as débusqué un agouti ! Malgré ton cafard, tu fais bonne contenance. Tu as peur de moi ; je t’ai battu pour t’apprendre à venir à mes pieds au commandement, pour te coucher et pour t’arrêter net…

Je t’aime bien, Boby, j’ai de la peine à te voir renifler vers la porte du jardin, tirer désespérément sur ta corde, guetter les bruits de voiture. Tu ne reverras plus ton vieux maître d’ici longtemps, ni ta maison, ni tes copains de la place. Tu t’habitueras à moi ; ensemble nous tenterons l’aventure, nous partagerons fraternelle ment la croûte tombée du ciel, tu m’y aideras, j’espère ? Tu seras mon seul compagnon. Tu verras les Tumuc Humac ; si je crève, tu crèveras avec moi ; tu dormiras dans mon hamac, tu boiras dans la même eau qui m’abreuvera, nous déchiquetterons ensemble la même carne.

Allons, Boby, en route mon vieux et, je t’en prie, aide-moi à trouver le beefteack quotidien, défends mon ha mac et, d’un coup de langue, retire mon cafard quand tu verras que j’en ai marre. Je compte sur toi, hein !…

6 Septembre.

Le forçat qui travaillait à la maison, a eu une crise de folie ; coup de bambou ? La vaisselle a famille était bouleversée.

L’homme purgeait une peine de quinze ans de travaux forcés pour meurtre. Cuisinier, laveur, repasseur, bonne à tout faire, brave garçon édenté, chauve, trois évasions, des histoires invraisemblables.