Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le commissaire Gardiès est là ; sa verve toute méridionale dissipera les dernières lueurs d’un cafard agonisant, dû à une longue attente.

Mardi 27 Septembre.

Il est fou ! — on le dit —. Perdu quarante-cinq jours dans la forêt, retrouvé nu, maigre, délirant, par des noirs Saramacas.

— Ah ! la forêt, terrible, terrible !

Il ne sait dire que ça. Fou ! Oh ! hantise de la folie qui mène à la folie… Oublier cet homme !

— Le cuir de tes souliers pourrira et les coutures aussi et l’étoffe sera déchirée ; les lentilles de ton appareil se décolleront, tout pourrira, tu pourriras toi-même ; sur ton front il y aura de la moisissure, dans ta peau des champignons qui rongent…, etc…, etc…

Il est fou certainement celui-là ! Qu’importe s’il a pourri là-bas, je ne pourrirai pas moi, je tiendrai ! Témoignages de la forêt, spectres et revenants du monde mystérieux, vous êtes redoutables avec vos histoires. Mais non, vous n’arriverez pas à me donner la frousse ! Peur… et après, mais pas de panique. Je tiendrai bon, parce que je veux vivre.

Ils s’acharnent à me décourager ; ils savent pourtant qu’ils n’y arriveront pas. Sadiques !

Oui je vivrai, Messieurs les défaitistes ! Riez, souriez, moquez-vous, diffamez, mordez. Qu’importent vos crachats !

J’ai un peu de fièvre, il faut dormir ; demain, départ pour Mana.