Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/45

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de la proue, poussant à pleine main le takari déjà dépassé par le canot, font quelques pas en arrière, puis ils relèvent leur bois, le piquent à nouveau loin devant la proue et l’ensemble de leurs mouvements semble ordonné par quelque invisible chef de manœuvre. À l’arrière, un autre Saramaca dirige l’embarcation à la pagaie.

Les pirogues sont grandes, débordantes de caisses et de sacs ; des femmes, les commerçantes installées sous le « pomakari » nous font un signe d’adieu de la main et les canotiers s’interpellent en « taki taki ». Une muraille épaisse de végétation surplombe la rivière de vingt-cinq à trente mètres. Le soleil levant nous révèle quelques abattis disséminés le long des berges florissantes de pousses de manioc, de citronniers et de bananiers.

À 8 h. nous sommes arrêtés par le premier des quatre-vingt-dix-neuf rapides qui tronçonnent la Mana de l’estuaire à la source.

Le Saut Sabbat est formé de deux rapides de faible dénivellation, mais semés de roches aux arêtes aiguës.

Les deux canots composant notre mission sont arrêtés et amarrés à une roche. Les Saramacas examinent la barre afin de découvrir un chenal propre au passage de nos embarcations, celui-ci variant chaque jour avec la baisse des eaux, car nous sommes en saison sèche et la navigation sur le fleuve sera plus difficile. Le chenal est trouvé, les passagers s’installent sur une roche étroite, le premier canot est tiré à la cordelle. Un homme à l’arrière, un autre à l’avant, le poussent et le dirigent avec le takari cependant que les autres, de l’eau jusqu’au ventre, solidement arc-boutés sur des rochers couverts de cactus aquatiques le halent, tirant en cadence sur