Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/46

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une corde fixée à l’étrave. Les eaux bouillonnent, le canot bascule d’un bord sur l’autre, les hommes s’encouragent à grands cris ; leurs muscles, développés pleinement par l’effort, saillent et révèlent des proportions dépassant la norme d’un athlète entraîné. Sur leur peau noire l’eau coule et sèche presque aussitôt ; ils se détachent comme des statues au milieu de l’écume et, désirant faire quelques gros plans, je plonge et nage vers eux, mon Foca dans un sac étanche tenu entre les dents. Le courant est dur ; n’ayant pas l’habitude de ces sortes de prouesses, j’ai quelque peine à saisir un rocher et à m’y installer.

Je réussis tout de même, fais mes photos, plonge à nouveau, rejoins la pirogue, qui vient de franchir le saut et, tout heureux de mes capacités natatoires, me prépare à me rhabiller.

Je n’avais oublié qu’une chose : retirer ma montre ! Quoique Waterproof et de marque suisse, elle n’a pas résisté au Saut Sabbat. La voici noyée. J’essaie de l’ouvrir pour faire sécher le mécanisme, impossible ! alors je l’abandonne à son sort de vieille ferraille, me retrouvant sans montre.

Les deux rapides composant le Saut Sabbat sont franchis sans plus d’incidents. Mon tribut étant payé aux Dieux de la Mana et, ce, dès le premier saut, je pense arriver sans encombre à la Crique Sophie, terminus de la première partie de mon voyage vers les Tumuc Humac.

Vingt minutes plus tard, nous franchissons un petit saut sans difficultés et enfin, le saut « Valentin » qui, nous projetant sur une roche, manque de nous faire chavirer. Le second canot nous dépassant alors que nous avons à peine rétabli l’équilibre, propulse avec