Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/47

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ses 22 chevaux une sorte de raz-de-marée qui nous submerge l’avant et nous fait embarquer une bonne quantité d’eau. Les sacs et les caisses empilés au milieu sont trempés, la pirogue alourdie perd de la vitesse. Nous écopons de notre mieux avec. des calebasses et, pour aller plus vite, installons la pompe à essence dans la mare et pompons sans trève jusqu’à ce que les saletés du fond du canot encrassent le mécanisme et la mettent hors de service.

Saut Maïpouri, Saut Belle Etoile, Saut Tamanoir… l’après-midi est morne ; sous un soleil accablant, le bruit incessant du moteur nous abrutit. Chacun sommeille installé de son mieux dans l’étroit espace réservé aux passagers. À l’avant, le « Bosman », un Saramaca, de bout comme une figure de proue, la pagaie en main, indique au motoriste Saramaca les chenaux qu’il discerne dans l’eau d’un vert sale encombrée d’arbres tombés, de souches et de roches immergées. Derrière le Bosman, il y a un porteur martiniquais abrité par un chapeau en paille de coco, puis Volovich, un chef de chantier de la Société Minière de la Haute Mana dont j’ai déjà parlé, de nationalité lettone, polyglotte, sympathique, grand voyageur et d’une verve intarissable lorsqu’il n’est pas plongé dans les romans de la série noire.

À côté de moi, un nègre anglais parlant seul, buvant sec, mauvais nageur et bon travailleur dont la fonction primordiale à bord est d’écoper l’eau qui pénètre par les fissures du bordage.

Dans l’autre canot se trouve Thiébault, chef de mission et directeur, en Guyane, des Mines de la Haute Mana, — barbu, trapu, rouspéteur, vieux bourlingueur et dur à cuire à qui on ne la fait pas — pas mauvais bougre, au contraire, mais em… eur. Se disant dur pour