Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/48

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lui-même, étant dur pour les autres et les critiquant sans cesse, le sachant et le disant, rappelant ainsi que Albert Londres, qui avait voyagé avec lui, l’appelait l’ « Ours de la Mana ».

Avec Thiébault, invité par la société pour prospecter et expertiser certains terrains, un vieux professeur, vieux colonial toujours en veine d’histoires excellentes d’une audience très vaste, avec l’accent belge de son Liége natal. — Les défauts et les qualités du Belge avec, en plus, la déformation d’une carrière africaine l’ayant habitué à être servi rapidement et d’une manière par faite. Il se plaint de tout, râle de tout, critique tout, comparant sans cesse nos possessions avec le Congo Belge, septième merveille du monde. Les Créoles et les Saramacas l’appellent « Tête Coco » car il est chauve.

Il y a deux « têtes coco » dans la mission car mon crâne rasé est encore plus dénudé que le sien.

À côté du professeur, une Créole : la cuisinière, une autre, l’amie d’un gendarme exerçant dans l’intérieur, à l’arrière, le motoriste créole, son aide créole à l’avant, le bosman Saramaca et le fils Thiébault, gamin de quinze ans taillé en hercule, débrouillard et sans façon, doué d’un appétit vorace, élevé en Guyane et causant le créole comme un créole, étant ami de tous et goûtant la palabre autant qu’eux.

Vers 17 heures, nous arrivons à un petit village installé sur une falaise aux pentes glaiseuses appelé « Fromager Tamanoir ». Les deux femmes préparent le repas du soir, les hommes graissent les moteurs, arriment le matériel ; nous installons nos hamacs.

Repas sommaire. La nuit est fraîche, il n’y a pas de moustiques,