Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/50

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Nous sommes reçus, en l’absence du directeur, par le comptable de la société. C’est un homme charmant qui vient d’éviter la mort de justesse et porte encore les marques profondes des blessures infligées par le soleil.

« — J’étais installé, dit-il, dans une chaise longue, ici, à l’ombre de cette véranda et je sommeillais. À mon réveil j’éprouvai de violentes douleurs à la tête qui de vint rouge, énorme. J’endurai pendant trois jours des souffrances atroces, à demi-aveugle, sans médecin pour me soigner. Comme vous le voyez, cette véranda s’ouvre sur le toit de tôle de la cantine ; la réverbération a provoqué l’insolation (étant moi-même dans l’ombre). Fort heureusement, un infirmier de passage — chose rare et miraculeuse — fit escale à Dépôt Lézard et me fit deux incisions derrière l’oreille de manière à décongestionner. Les yeux furent atteints et c’est le plus grave. »

Son pauvre visage est craquelé, couvert de rougeurs et de croûtes purulentes, ses sourcils, ses cils ont disparu. Les yeux à demi fermés sont noyés de veinules sanguinolentes.

Nous buvons le puneh à son prompt rétablissement, un peu de bière chaude et nous voilà en route.

La conversation a roulé sur l’or car nous approchons maintenant du plus grand centre minier de la Guyane française. Domaine mystérieux que je serai le premier — en qualité de journaliste — à pénétrer, car mes confrères n’ont pas dépassé Dépôt Lézard.

11 semble qu’en matière de voyages, ·les commerçants de la région ne le cèdent à personne. Ils naviguent à la pagaie, au takari durant plus de trois mois, partis de la Mana pour joindre les placers de Sophie et de Patience.