Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/51

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Le retour est un peu plus rapide mais enfin, l’ensemble exige pas mal de courage et surtout de patience. Il est vrai qu’ils ignorent l’ennui profond d’une panne, lequel ennui nous sommes en train de goûter à l’ombre d’un grand arbre penché sur la rivière, cependant que le motoriste s’affaire à placer une goupille et que les singes rouges mènent un concert barbare et assourdissant. La chaleur est atroce, le soleil brûle littéralement et nous sommes exposés à ses ardeurs, démunis de tout abri, ne fut-ce qu’un prélart tendu sur quatre bois. La peau se dessèche, les yeux brûlés par la réverbération pleurent, les articulations ankylosées geignent, les reins sont douloureux. La soif inextinguible. Ça c’est l’envers de la belle aventure.

Nous repartons enfin pour arriver au coucher du soleil à « Saut Fracas ». Amoncellement de roches énormes, s’étendant sur près de un kilomètre. Saut Fracas, avec ses rapides, ses chutes et ses tourbillons est un obstacle difficile à franchir et il est trop tard pour l’affronter.

Nous faisons halte aux premières roches escaladant l’à-pic glissant d’une falaise supportant deux carbets formés de quatre pieux et d’un toit de feuilles de palmiers et une chapelle Saramaca — un peu plus confortable avec ses cloisons pleines de raflas entrelacés, — installée sur un terre-plein formant terrasse avec une balustrade rustique et un pieu fiché en terre au sommet duquel flotte un linge blanc, le même que nous avons vu tout à l’heure installé sur le premier rocher marquant le Saut Fracas et qui, suivant la coutume, représente le Dieu Saramaca, le Dieu, rocher habité de l’esprit vénéré par les nègres de Surinam. En ceci, ils se rapprochent assez des Incas qui adoraient aussi des pierres