Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/52

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représentant, sous une quelconque de ses formes, l’esprit qu’ils vénéraient.

Le rocher au drap blanc est donc le Dieu du Saut ; la chapelle est le lieu de dévotion de tous les Saramacas qui se préparent à affronter le terrible « Saut Fracas ». Là, le Grand Maître des cérémonies du groupe des canotiers jette du jus de tabac et des feuilles séchées par terre, puis il implore la clémence du Dieu cependant que ses congénères déposent diverses offrandes à l’intention de l’esprit sur une table spécialement aménagée. À notre arrivée, celle-ci était encombrée de bouteilles de bière et de tafia cerclées, d’une jupe de rafia, « piaye » destinée à faire mourir celui qui, la saisissant pour voler la bouteille et consommer en lieu et place du Dieu, commettrait un épouvantable sacrilège. Les Saramacas adorent le tafia mais ils préfèreraient mourir que de boire une goutte de celui consacré à leur Dieu ; de même, mourant de soif, un homme ne touchera jamais à la bouteille de bière déposée dans un coin de forêt sur le tronc scié d’un grand arbre.

À côté de la table des offrandes se trouve la table de dégustation à l’usage du Dieu. Le couvert y est mis en permanence et rien ne manque : assiette, gobelet, fourchette, cuillère, couteau, cruche, etc…

À la gauche de ces deux tables et à angle droit avec un banc de bois occupant toute la longueur de la case, il y a un autel avec une nappe sur laquelle sont posées de nombreuses statuettes d’origines variées et des images saintes. On peut y voir un groupe en porcelaine de la « Sainte Famille » et une effigie de Ste Thérèse ainsi qu’une sorte d’urne funéraire en plâtre avec des motifs sculptés d’inspiration végétale.