Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/53

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Perpendiculairement à cet assemblage de tables, se trouve une traverse de bois recouverte d’un drap blanc immaculé. On peut, en cas de besoin, coucher dans la chapelle et sur cette traverse mais il est interdit d’installer son hamac dans le sens de la largeur. Enfreindre cet ordre c’est risquer de mourir dans le saut.

L’entrée de la chapelle est barrée d’une poutre transversale assez basse, avec des palmes pendantes, en rideau. Pour y pénétrer, on doit se courber et écarter les palmes. Nos trois Saramaeas viennent faire leur prière, déposer leur offrande ; puis les feux s’allument, la cuisine bat son plein, une dernière cigarette et, dans les hamacs tendus sous les carbets ou bien entre deux arbres chacun songe à l’épreuve au lendemain.

Samedi 9 Octobre.

Départ à l’aube. Les deux canots louvoient entre les premières roches afin de rechercher une plage propice au débarquement, car nous devons décharger entièrement les canots et transborder les bagages de l’autre côté du rapide. Soudain des aboiements, une tête blanche aux longues oreilles luttant avec le courant : Boby ! Boby, oublié au camp de la nuit et qui se manifeste vigoureusement essayant de rejoindre les canots. Ceux-ci ne peuvent revenir en arrière. Je suis en short, je plonge, nage vers Boby et, arrivé à sa hauteur, oblique vers un rocher auquel nous nous agrippons tous deux exténués. Le courant nous a déportés vers la rive opposée à celle où les canots sont amarrés. Boby à ma suite, je nage vers les carbets mais le courant violent nous entraîne. Enfin, une racine se présente, je la saisis, happe Boby au passage, me hisse sur la berge et la suis, imaginant dépasser le rapide, traverser le fleuve et