Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/58

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parfum grisant de la grande forêt — à ces parfum s’ajoute celui du cochon boucané.

Les Saramacas ont enfin trouvé le passage. Les canots franchissent le saut sans difficulté mais nous allons à pied, partant d’une plagette agreste sur une piste qui suit la rivière et se termine après le saut. Il y a une tombe, deux… des gens noyés, un fusil tout rouillé jeté sur une roche, des casseroles, des caisses démantibulées : vestiges d’un naufrage que nous avons le bonheur d’éviter. Passé ce saut, en voici un autre appelé « Topi Topi ». En réalité, ce sont deux sauts à peine séparés d’une centaine de mètres d’eau tranquille. Les canots sont déchargés en partie, nous suivons la piste conduisant à l’autre bord dans un morceau de forêt bordé, parallèlement à la grande rivière, d’un ruisseau tranquille.

Deux tombes encore, sans nom, sans croix. Deux tumulus légers envahis de broussailles, bordés de grosses pierres, une petite statuette de la Ste Famille… c’est tout ! — Deux Saramacas qui se sont noyés au passage du saut « Topi Topi ».

Tirés à la cordelle, poussés au takari, épaulés par les noirs vigoureux, les canots franchissent péniblement le double obstacle pour se trouver nez à nez avec le saut « Patowa », c’est-à-dire le saut de l’homme sans peur. On décharge à nouveau les canots qui passent à la cordelle. Quatorze heures, il fait chaud !

Nous chargeons, nous partons et, au premier coude de la rivière resplendissant au soleil déjà déclinant, « Gros Saut » barre dans toute sa largeur, par des chutes de huit à vingt mètres de dénivellation, le cours de la Mana. Par côté, des dérivations de moindre importance, sur la gauche, une plage splendide, une tombe, une piste