Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/65

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canots puis soudain, fait volte-face et vient vers moi. Sans réfléchir, je vais sur lui le poignard levé. Chose curieuse, il rebrousse chemin, file vers les canots ; un Créole le voyant à sa portée lui assène de formidables coups de sabre sur la tête. Arrivant à cet instant, je lui donne quelques coups de mon solide poignard de tranchée américain. Il est mort, je le prends par la queue, le montre, le dépose sur une roche, pars chercher mon Foca, je reviens… il est parti. On le rattrape, on le décapite, on l’abîme, je m’attribue la queue et, la faisant rôtir sur un brasier, me délecte de cette viande coriace cependant que les noirs me regardent avec horreur et les Européens n’osent pas accepter mon invitation. Ils ont tort et mon goût pour la queue de caïman vient du Mato Grosso au Brésil où j’en dégustais en quantité.

Après cet incident auquel je pense avec une frousse rétrospective sans cesse croissante — surtout lorsque j’examine la gueule formidablement armée du saurien. — c’est la nuit et nous installons nos hamacs. Le mien est attaché à deux solides piquets. Je m’installe et, d’un seul coup admire le ciel et l’ensemble des constellations… douleur fulgurante sur le côté du crâne, feu rouge, puis vert, je suis par terre entortillé dans le hamac, ayant reçu sur le crâne le solide piquet de trois mètres de haut pesant au bas mot quinze à vingt kilogs. — Bosse, abrutissement —. À part ça, nuit excellente.

Jeudi 13 Octobre.

Réveil. On charge les canots. Passons le rapide sans difficulté par un bistouri.

Tout va très vite car nous sommes aidés par le personnel des deux canots qui se sont joints à nous.