Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La végétation est davantage luxuriante, le sous-bois s’éclaircit et les arbres montent haut vers le ciel toujours chargé de nuages blancs. La baisse des eaux révèle, de chaque côté de la rivière, des falaises ocres de trois à quatre mètres, généralement à pic.

Nous franchissons facilement quatre rapides de moindre importance puis, soudain, les berges de la Mana se resserrent — 60 mètres environ dans la plus large extension alors que de !’Estuaire à Gros Saut la moyenne était de deux à trois cents mètres.

Le Saut Grand Bafa nous barre le chemin vers quatre heures trente. Les canots sont déchargés, ils passent à la cordelle. Les canots rechargés et la nuit tombant rapidement, nous nous mettons en route pour découvrir un lieu propice au camp du soir. Mais nous cherchons en vain ; les berges abruptes hautes de cinq à six mètres, coiffées d’une végétation broussailleuse, ne révèlent aucune éclaircie.

La rivière est jonchée de roches, les berges se resserrent encore plus — vingt-cinq à trente mètres —. Un, deux, puis trois rapides sont franchis difficilement. Le deuxième canot est un instant en difficulté. Il est presque nuit ; le moteur ronronne, presque énervé, lui aussi, de cette poursuite à la recherche d’un camp.

Il fait froid ; nous avons faim, nous sommes las.

Les lianes énormes traînent par paquets dans le courant et servent d’asile aux rapides martins-pêcheurs qui nous défient de leur vol étincelant, des feux de leur ventre rouillé et des ailes bleu acier. Leur tête armée d’un long bec droit et noir, surmontée en panache d’une crinière échevelée, pique au hasard de leur vol la profondeur des eaux sales pour chercher leur nourriture lorsque, lassés de nous poursuivre en vain, ils se posent sans