Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/70

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Sahul, plus au Sud de la Mana, deux magasins mal achalandés où deux boîtes de corned beef coûtent un gramme d’or et le litre d’alcool deux grammes : nous sommes au pays des mineurs. Ici, un nouveau monde, sans lois, sans billets de banque, sans recensement, d’une structure sociale simpliste : le curé deux fois par an, le gendarme une fois tous les deux ans, pas de maire, pas <l’autorité, ni d’hôpital. L’infirmier passe au hasard, une fois tous les vingt mois. On se sent seul, isolé et, en fait, ici, que la maladie vous frappe et vous êtes un homme mort. Tout se vend au gramme d’or. Les difficultés de transport sont la cause des prix exorbitants réclamés et cependant, pour un travail périlleux et exténuant, les canotiers sont payés cinq cents francs par jour.

Quelques moustiques — chaleur écrasante — nuit fraîche — sommeil tardif et agité.

Dimanche 16 Octobre.

Repos à Sophie.

Lundi 17 Octobre.

Seul. — Les canots de la mission Thiébault viennent de disparaître ; sur la rivière, le bruit des moteurs persiste un court moment.

Boby intrigué me regarde… « Pourquoi ne sommes nous pas partis aussi ? » semble-t-il dire.

Seul… malgré moi, c’est le cœur serré que je me dirige vers mon carbet. Quelques vieux noirs, puis moi davantage isolé par leur présence.

Sophie est le tremplin duquel je vais partir vers la grande aventure. Je suis à pied d’œuvre, sans aide, sans amis, sinon Boby.