Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/73

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heures de navigation, arrêt au Saut « Milok » long d’une centaine de mètres, étroit et torrentueux, hérissé de roches noires. Le canot déchargé passe facilement. Deux heures encore. Le soleil, haut maintenant, brûle.

Premier village de mineurs. À cheval sur un tronc d’arbre à demi immergé dans la rivière, à l’ombre de son large chapeau chinois de forme conique en paille tressée, une vieille femme lave du linge — une éclaircie, au bas de la colline quelques carbets — encore la rivière, une éclaircie plus large, des abatis, une cinquantaine de cases fichées sans ordre dans un espace étroit surmontant la rivière : voici « Village Sophie ».

Pour accéder au village, il faut gravir une pente raide et glissante ; un chien aboie ; peu de gens dans les ruelles tortueuses sinon des gosses au ventre énorme, nus et ébahis de voir un Européen. Je m’installe dans un carbet inhabité et repose, pris d’un court accès de fièvre qui me laisse abattu pour le restant de la journée. Un bruit de pilon résonne inlassablement dans le village, bat la charge sur mon crâne et la migraine atroce me laisse sur le qui-vive une grande partie de la nuit.

Mercredi 19 Octobre.

La fièvre dissipée, au réveil, Sophie qu’illumine un doux soleil apparaît très propre, pas tellement misérable. Je trouve chez quelques créoles Anglais une franche hospitalité et un grand intérêt pour mes projets de voyage.

— Nous sommes civilisés, me dit un vieux noir Saint-Lucien… mais aux Tumuc Humac, les Indiens sont sauvages…