Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/78

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L’un des frères est devant, le sabre à la main, pieds nus, en guenilles, son katouri aux épaules et la pipe à la bouche ; l’autre derrière, ressemblant comme un frère… à son frère. On entend les singes rouges au loin, quelques perroquets.

— Voilà, dit l’un des frères, voici les chantiers.

De larges excavations sur le flanc d’une colline, des déblais de quartz ; auprès de chaque trou profond de quinze à trente-cinq mètres, une « queue de Hocco », carbet simpliste destiné à abriter le repas et le matériel des pluies de la mauvaise saison. C’est tout. Il y a des trous abandonnés et pleins d’eau ; là il n’y a pas d’or ou il n’y en a plus. Mais un autre trou est à vingt mètres de celui-ci et des hommes (ceux qui ont abandonné le premier) creusent depuis des semaines, espérant trouver cette fois. Tant qu’à faire, ils n’avaient qu’à élargir le premier !

Et comme pour mieux se sentir en famille tous les trous sont les uns près des autres… On ne bouge pas de là : c’est trop commode… à demi heure de la maison !

Le soleil n’est pas encore levé, des brumes s’accrochent jusqu’aux cimes des géants de la forêt qui ruissellent d’humidité. Un chant résonne dans le lourd silence avec parfois comme réponse un cri d’oiseau engourdi.

Torses nus malgré la fraîcheur du matin, les deux frères dans leur trou ahanent à la mesure de leur pioche qui pique la terre grasse et ·rouge : le métal choque le quartz, la masse le broie lourdement pour en vérifier la teneur, la pelle crisse, chant clair au frottement régulier des déblais qui s’amoncellent jetés avec force par dessus le trou qui s’agrandit sensiblement et s’agran-