Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dira jusqu’à ce qu’à force de creuser Je filon apparaisse. Une semaine, deux, trois peut-être, durant lesquelles les mineurs ne verront pas un gramme d’or, travaillant seulement à sa recherche.

Et dans la forêt les brumes traînent encore — Lianes aux arabesques rigides, feuilles et arbres paraissant irréels — Dans de larges éclaircies, des silhouettes mortes se dressent chargées de nids de corbeaux.

La sueur ruisselle sur le torse nu des deux frères ; le plus âgé s’arrête un instant, bourre sa pipe courte et bien culottée.

— Vous voyez le travail.

Il prend un morceau de quartz, effrite la gangue terreuse, la brise à la masse, crache sur la cassure et, ajustant des lunettes à la monture d’acier rafistolée avec du taffetas gommé, il s’efforce de découvrir un point d’or.

Dix, vingt fois il recommence et, finalement, il trouve. J’aperçois sur la surface terne et nette de la cassure une étincelle jaune. C’est tout, et c’est de l’or : mais pour faire un gramme de ce métal précieux, combien de tonnes de quartz faut-il piler le soir dans le carbet avec la baramine ?

Le soleil a dissipé les brumes. Chants dans toute la forêt. Dans tous les trous, les mineurs travaillent en silence ; le choc de leurs instruments forme un concert monocorde ; dans la « queue de hocco » la soupe est en train de se faire. Il est l’heure du déjeuner : riz, couac, viande boucanée, une pipe et, sous le soleil ardent de l’après-midi, le travail reprend. Pelles, pioches et pics creusent, déblaient, fouillent…

Dix-sept heures. C’est l’heure de rentrer à la maison ; on range le matériel, on met le katouri aux épau-