Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/83

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Hors du village nous traversons quelques terrains défrichés, hérissés de troncs calcinés, d’arbres sciés, de branches et de pousses diverses entre lesquelles les planteurs sèment le manioc qui pousse ainsi à la grâce de Dieu.

La piste est mauvaise ; nous traversons la rivière sur un arbre tombé surplombant l’eau de quatre à cinq mètres, large de vingt centimètres, long de douze à quinze afin d’atteindre le premier village situé au pied d’un « Morne » : telle est l’appellation que donnent aux collines les Guyanais.

Blême pas une passerelle pour réunir ces deux villages créés depuis plus de cent ans ! un arbre à la place !

Nous, grimpons la pente fort raide de ce premier morne pour, après l’avoir descendu, en remonter un autre et ainsi de suite durant longtemps.

Le pays tout entier est couvert de ces élévations de trois à quatre cents mètres entre lesquelles croupissent des criquots vaseux que l’on traverse en équilibre sur des arbres couchés ou les pieds franchement dans la vase gluante qui vous enlise jusqu’aux genoux ; les collines s’escaladent difficilement et les souliers ferrés glissent sur les feuilles qui jonchent les rudes montées.

La piste, si on peut l’appeler ainsi, est un étroit tracé reconnaissable aux feuilles écrasées par les pas des précédents voyageurs. Il faut un œil de Sioux pour en suivre les méandres et un pied de montagnard pour y rester solidement accroché et ne point dégringoler les deux ou trois cents mètres de pente raide qui offre au regard la perspective écrasante de fûts énormes aux essences précieuses et d’une variété infinie. De toute manière, la descente s’effectue assez souvent sur l’ar-