Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/84

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rière train car les culbutes sont fréquentes et enfin, après une heure quarante de marche rapide dans cette suite de « montagnes », après avoir traversé maints et maints criquots, après avoir respiré l’air humide et chaud stagnant dans le sous-bois, nous abordons les abatis annonçant, J’approche du village de Dagobert.

Autre gymnastique : il faut enjamber ou suivre des troncs énormes abattus dans tous les azimuts ; quelques « mornes » dénudés offrent la morne perspective de leur arrondi parfait.

Un sentier, une large éclaircie au flanc d’une colline, une quinzaine de carbets, trois femmes endormies : Dagobert ne brille pas par son animation.

Le panorama couvre toutes les collines environnantes et le moutonnement de la forêt vierge. Tous les hommes sont au chantier. Mes deux compagnons de route, après avoir rangé le ravitaillement dans une caisse servant de placard, de buffet et de commode, se mettent en devoir de préparer le petit déjeuner. Le carbet ressemble comme un frère à tous les autres carbets du pays : un bâtis de pieux fichés en terre, entre les pieux des appliques d’osier tressé à clayonnage, un toit retenu par des poutres posées sur des fourches et recouvert de feuilles de palétuvier. Le sol est en terre battue, des séparations en clayonnage divisent le carbet en deux parties : la cuisine et la salle à manger, à coucher, à tout faire.

Dans la cuisine, un bloc d’argile cuite, deux pierres : c’est le foyer. Dans la salle, quatre fourches fichées en terre, deux planches sur deux traverses : c’est le lit ; une caisse : c’est la table et, dans un coin, un fouillis de pelles, de pioches, une battée, des bouteilles à mercure et des vieilles boîtes à conserves disposées un