Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/86

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merci » — « Elysée » — « Délices » — « Adieuvat » — etc… et puis des prénoms de femmes : Jacqueline, Paulette, Huguette, Ghislaine, puis des noms de villes, de faubourgs : St-Nazaire, La Vilette, République, Bordeaux Station, Mont Valérien… et d’autres encore.

Certainement il existe encore des forçats ayant opté à leur libération pour le bagne de l’or, ou d’autres qui, ayant fini « la Belle » ont préféré tenter la chance à fuir vers le Brésil ou au Surinam. Mais ici, pas de blancs.

Le chantier est à ciel ouvert ; dans une éclaircie, le sable blanc des déblais provoque une réverbération éclatante. Le soleil donne à plein. En silence, les hommes travaillent, mécaniquement, sans gestes inutiles, chacun ayant une tâche à remplir et connaissant son métier.

L’or alluvionnaire provenant de la décomposition lente des têtes de filons accumulées lors des grandes érosions de la période secondaire est déposé sur une couche d’argile formant le fond du terrain, ou un lit de roches appelé « Bed Rok ». La facilité de l’exploitation dépend de l’épaisseur de la couche végétale et une sonde permet, avant d’entreprendre la prospection, de vérifier la profondeur de cette couche et de supputer le temps qu’il faudra pour atteindre le Bed Rok.

Le mineur, ayant choisi son terrain, commence à creuser un trou de prospection, tout d’abord avec une pelle à vase, longue et lourde, puis avec une pelle « criminelle », étroite, longue, dont les bords tranchants débarrassent aisément le terrain du fouillis de racines.

Ensuite, avec un pie, il retire les grosses roches supérieures, évitant de toucher au gravier avoisinant la glaise du fond au niveau hydrostatique.