Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/89

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À quelque distance du chantier se trouvent quelques « queues de hocco ». Deux mineurs font la cuisine : des topinambours dans la marmite. Même pas d’argent pour acheter du riz ou du couac ; quant à la viande, elle est introuvable car personne ne chasse, tous travaillant l’or.

Dans les déblais, parfois, les mineurs trouvent du quartz aurifère, ils l’emmènent ici et c’est un vétéran de l’orpaillage, Gomès Robert, âgé de quatre-vingt treize ans, qui a la charge de piler les cailloux et de les réduire en poussière. Son visage noir et ridé est souriant au rappel des souvenirs qu’il dévide pour moi. Il est installé à Dagobert depuis 1902… la belle époque. Depuis ce temps-là, venu, des Antilles, il cherche d’or. A-t-il fait fortune ?… une fois au moins.

— Des années je mangeais bien, d’autres années je mangeais mal !…

Son carbet est installé près d’un trou profond de vingt mètres, à demi empli d’eau et de broussailles.

— Là, il y a un filon très riche, dit le vieillard ; je ne peux pas l’exploiter seul et personne ne veut m’aider. Puis il faudrait de l’argent pour acheter des pompes, assécher le trou, faire venir du matériel… Trop vieux ! soupire-t-il…

Mais un Monsieur doit venir de Cayenne ; il apportera de l’argent… oui, beaucoup d’argent !

Et le vieillard reprend sa garde auprès du filon noyé dont personne ne veut, un trésor auquel personne ne veut plus croire.

— Pourquoi restez-vous ? ai-je demandé à un jeune garçon épuisé qui venait boire l’eau de son bidon accroché au carbet.

— Bah ! un jour peut-être…