Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/90

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Ils croient à la chance… leur chance. Peut-être essaient-ils de croire car le vétéran vivant à leurs côtés est le vivant symbole de l’achèvement du rêve des mineurs du monde entier.

— Voyez-vous, m’a dit le jeune garçon, depuis trois semaines nous creusons à la recherche du Bed Rok… trois semaines sans un gramme d’or, encore trois peut être avant de trouver, trois encore avant que l’exploitation soit rentable… et le jour du partage, il y aura peut être un gramme seulement pour chacun,… mais peut-être dix… Ça serait beau et tout ça pour neuf semaines de travail. On ne veut plus nous faire crédit, alors on crève de faim.

Chez les chercheurs de diamants d’Aragarcas, au Brésil, j’ai entendu les mêmes plaintes, formuler les mêmes espoirs. Là-bas, ici, ailleurs… chez les mineurs du monde entier la misère est la même. Que d’énergie gaspillée ! quelle puissance que la hantise de l’or ou du diamant.

Je suis revenu à Sophie exténué. À l’approche du village résonnait toujours le même choc sourd des baramines broyant le quartz.

Dans son magasin je trouvai mon ami P… à quatre pattes, en train de récupérer à la petite cuiller l’huile d’arachide répandue à la suite du bris d’une « dame jeanne ». Sa femme, à genoux, tenait en mains une bassine et, petit à petit, P… asséchait les lacs et ruisseaux d’huile qui dessinaient de jolies cartes sur la terre ravinée.

— Elle est encore bonne, dit la femme qui, après avoir trempé son doigt dans l’huile, le suçait.

P… n’est pas marié, il est avec H…