Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/91

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Au pays des mineurs, c’est ainsi… comme dans presque toute la Guyane d’ailleurs. Les dernières statistiques donnent dix-huit mille deux cent trente-cinq célibataires pour deux mille sept cent soixante et douze ménages et trente-sept pour cent de ces derniers sont sans enfants. La natalité est faible alors que la mortalité atteint vingt-quatre pour cent. La syphilis à elle seule, suivant le Centre Pasteur de Cayenne, cause vingt-deux pour cent des cas mortels, le paludisme cinq à six pour cent et les maladies intercurentes dues à la lèpre, cinq pour cent.

L’alcoolisme, par ailleurs, fait des ravages : onze litres et demi par individu et par an de tafia… ceci officiellement, mais il faut compter le double. On boit sec chez les mineurs mais ça revient cher : deux grammes d’or pour un litre de mauvais alcool de canne à sucre… soit plus de sept cents francs alors qu’à Cayenne il coûte deux cents à deux cent cinquante francs.

— Il faut ça pour tenir le coup, disent les mineurs !

— Il faut ça pour combattre la fièvre, disent les Cayennais !

(Le tafia est certainement la seule industrie florissante du pays car tout le monde, en Guyane, se fait un devoir de boire son ou ses punchs à chaque repas.)

Chez les mineurs, les mœurs sont régulières mais il n’est pas rare de voir une femme pour deux mineurs trop pauvres pour en entretenir une chacun.

Il n’est pas rare de voir une femme couverte d’or quitter un ami mourant de faim pour s’installer chez un mineur favorisé par la chance (aussi toutes les bagarres ont-elles les femmes pour origine) ; elle se débrouillera pour le ruiner à son tour… Et on ne la verra plus. Combien de commerçants se sont ruinés à ce jeu.