Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/92

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Les femmes sont belles mais terriblement intéressées. J’ai connu sur le Maroni un Arabe, commerçant, qui avait deux femmes… toutes deux légitimes : ça lui a coûté cher car son fonds de commerce n’a pas tardé à être vide.

Les chercheurs d’or de Sophie ou de Dagobert sont appelés des Maraudeurs ou des Bricoleurs. En effet : ils travaillent sur des placers ne leur appartenant pas et dont ils connaissent très bien le légitime propriétaire. Celui-ci les laisse faire car, bon gré mal gré, rien ne pourrait empêcher les bougres de rapiner quelques lopins de terre aurifère.

La délimitation des placers est d’ailleurs fantaisiste et plus d’un propriétaire m’a avoué ignorer la superficie exacte de sa concession. Ceci s’explique par le fait que le Service des Mines ne se soucie guère d’envoyer des gens arpenter la brousse. L’homme trace un rectangle sur le papier, englobant quelques rivières, le rectangle est imprimé sur la carte avec son nom et c’est tout. On se fie à sa parole ; quant à lui, il jauge à l’à peu près : au nombre de jours pour aller de tel à tel point ou tout simplement au juger.

Quant à empêcher les maraudeurs de s’installer chez lui ou à proximité du placer qu’il exploite lui-même, pas question ! Il faudrait une armée de gendarmes ou de garde-chasses. Nulle contestation n’est donc possible ; la terre est à tout le monde et, du mieux qu’ils le peuvent, les mineurs l’exploitent… avec une perte de cinquante pour cent au minimum car ces méthodes primitives de lavage abandonnent aux déblais la moitié de la production que l’on pourrait réaliser avec un outillage moderne et perfectionné. Je doute d’ailleurs qu’un jour ce matériel soit amené à pied d’œuvre en raison