Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/95

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pock, Maroni, Itany… tout… tout, sauf les Tumuc Humac, la tache blanche qui m’obsède, la région inexplorée vers laquelle je me dirige.

— Installé dans le fauteuil pliant de J. Hurault, dégustant dattes et nescafé, fumant des cigarettes toutes faites, j’écoute le toubib tenter de me dissuader.

— Allons, Maufrais, revenez avec nous à Cayenne et rentrez à Paris, vous en avez déjà fait suffisamment ici… Avec la saison des pluies il est trop tard pour partir.

— Bon !… si vous y tenez, faites seul la jonction Ouaqui-Tamouri[1], joignant ainsi le Maroni à l’Oyapok, ce sera déjà un exploit devant lequel je tirerai mon chapeau car nous avons échoué, cette fois, et en compagnie du Préfet nous avons rebroussé chemin. Nous étions bien armés, bien équipés, avec du ravitaillement… et des porteurs. Seul, vous avez cinquante chances sur cent d’y rester ; si vous en revenez, je témoignerai de la valeur de votre raid.

— Peut-être me lisez-vous, Docteur Sausse… Vous souvenez-vous ?… et bien je ferai la liaison Ouaqui-Tamouri, je pars pour cela, mais je ferai aussi la liaison Oyapok-Maroni ! par les Tumuc Humac ! Pour ce dernier raid, vous ne m’accordez aucune chance… Vous allez faire un mauvais prophète !

La nuit est profonde, le village endormi est baigné au clair de lune. Les mineurs reposent. Quels rêves hantent leur sommeil ? Quelles histoires, colportées de villages en placers, les tiennent éveillés longtemps à songer, réunis autour d’une lampe à pétrole, discutant seul ou avec la compagne de celui qui, passant sur un

  1. N’a pas été fait depuis l’explorateur Leblond en 1700.